Léa nous présente la formation "animer un réseau de prévention et gestion de proximité des biodéchets"
Bonjour Léa EGRET, pourriez vous vous présenter en quelques mots ?
Avec plaisir ! Je suis Géographe de formation. C’est-à-dire que je suis passionnée par les interactions entre les sociétés et leur territoire. Je suis « tombée » dans le compostage il y a 10 ans et j’y ai trouvé un intérêt tout particulier car c’est 20 % de technique, 80% d’humain. Je me suis beaucoup impliquée dans l’émergence du Réseau Occitan du compostage et le suis toujours au niveau national.
” Le compostage c’est 20 % de technique, 80% d’humain “
Est-ce que vous pouvez nous expliquer la place de la P-Gprox dans le secteur des déchets ?
C’est très singulier. Le secteur des déchets est un monde industriel et linéaire, exercé principalement par des hommes. Un secteur d’activité peu valorisant et dangereux. Le principe même d’un déchet c’est la déresponsabilisation des producteur·ices et donc de ne pas avoir conscience de l’impact de nos déchets.
Ici on voit les choses complètement différemment. C’est un changement de paradigme. Les producteur·ices deviennent des acteur·ices et ne se débarrassent plus de leurs déchets mais les valorisent. Les biodéchets ne sont plus des matières qui « puent et font des moucherons » mais une ressource précieuse qui permet de nourrir les sols, lutter contre le changement climatique…
Et cerise sur le gâteau, la P-Gprox croit dans les humains ! Et nous avons raison : selon une étude de l’Etat la deuxième préoccupation des français·es c’est le changement climatique et la première chose qu’ils sont prêts à faire c’est trier leurs déchets !
Quelles sont les clés du succès pour une politique de P-Gprox sur son territoire ?
Pour réussir, il faut investir dans l’humain. Il faut croire que les gens ont envie de bien faire mais qu’ils et elles ne savent pas comment s’y prendre. Et pour cela il faut avoir les moyens pour aller les rencontrer et prendre le temps de leur expliquer. Composter c’est simple mais encore faut-il connaitre la recette.
Pour garder la motivation et démultiplier les effets, notre secteur d’activité à la chance de pouvoir s’appuyer sur des bénévoles très motivé·es pour porter des projets avec leurs voisin·es, dans leurs quartiers, dans leurs entreprises… Pour garder cette motivation et fédérer ces acteur·ices la P-Gprox s’appuie sur l’animation de réseau.
” Notre secteur d’activité à la chance de pouvoir s’appuyer sur des bénévoles très motivé·es pour porter des projets “
Qu’est ce que l’animation de réseau de référent·es de site/guide composteur·ice ?
Animer un réseau quand on est salarié·e, c’est déjà prendre conscience de sa posture par rapport aux volontaires qui sont là sur leur temps libre, motivé·es par leurs envies : un·e bénévole est libre de partir quand il/elle le veut. Pour fédérer les acteur·ices, ceux et celles-ci doivent se sentir impliqué·es dans un projet en commun, se sentir utiles. L’animation est au service du groupe et permet d’entretenir les interactions. Les membres se sentent investi·es et considéré·es, cela renforce leur pouvoir d’action et leur légitimité. C’est un véritable moteur pour les territoires.
” L’animation est au service du groupe et permet d’entretenir les interactions. Les membres se sentent investi·es et considéré·es, cela renforce leur pouvoir d’action et leur légitimité “
Concrètement que voyez vous pendant ces deux jours de formation sur l’animation de réseau P-Gprox ?
La formation permet tout d’abord de cartographier son réseau et de prendre conscience de ses forces et ses faiblesses.
Nous travaillons également sur la notion de bénévolat afin d’en rappeler ses caractéristiques et limites. En s’appuyant sur un travail de sociologie d’une étudiante de Master, cette séquence nous permet d’interroger notre relation en tant qu’animateur∙ice aux référent·es de site et de travailler sur la clarification des attentes et des rôles : pour être libre et éviter les conflits, il faut que le cadre soit clair.
Nous abordons également la question des outils, que ce soit un déroulé d’animation approprié à la place es réseaux sociaux dans l’animation de réseau. A ce propos, nous faisons témoigner un Maitre Composteur de l’historique association nantaise ComposTri.
A la fin de la formation, les stagiaires ont travaillé sur un plan d’action sur plusieurs mois, adapté à leur territoire pour pouvoir mettre en œuvre directement les apprentissages de la formation.