A l’aube de ce début de dé-confinement, de la reprise progressive des activités et du retour tant attendu des moments de sociabilité, nous souhaitons partager quelques réflexions sur les enseignement à tirer de cette crise en termes de prévention et de gestion des biodéchets.
Comme toute crise, l’épidémie de Covid-19 met en lumière la vulnérabilité et les dysfonctionnements de notre organisation collective, parmi lesquels figurent la gestion des biodéchets. La prévention et la gestion de proximité s’imposent alors comme des solutions pertinentes qui permettent de gagner en résilience et en autonomie.
Si à Montpellier la collecte des déchets n’a pas été très perturbée par le confinement, dans certaines villes cela a posé problème. A Poitiers par exemple, la communauté urbaine a commandé dans l’urgence l’installation de nouveaux sites de compostage publics pour pallier à la diminution de fréquence de la collecte des ordures ménagères. Rappelons que les déchets compostables représentent en moyenne 30% du poids de nos poubelles et que ce sont des déchets fermentescibles qui causent des nuisances s’ils sont stockés trop longtemps sans être compostés.
Depuis le début du confinement, nous avons également constaté dans toute la France une forte recrudescence du brûlage des déchets verts de jardin ; ce phénomène s’expliquant par la fermeture des déchetteries. Cette pratique est interdite car très polluante et dangereuse pour la santé. Les alternatives à l’apport en déchetterie que sont le paillage et le compostage sont encore trop peu connues. Les tontes, branchages et autres feuilles mortes sont pourtant des ressources précieuses pour enrichir la terre, dynamiser la vie microbiologique du sol et le protéger contre la sécheresse. A l’inverse, l’apport en déchetterie induit des déplacements évitables et implique une gestion coûteuse pour la collectivité.
Cette crise révèle donc la nécessité de mettre en œuvre une vraie transition dans la manière de gérer nos biodéchets. Aujourd’hui, nous sommes confrontés à une pandémie qui paralyse une partie des services publics. Demain, cela pourra se reproduire et nous devons nous préparer à d’autres situations extrêmes provoquées par le dérèglement climatique et l’épuisement des ressources naturelles. Imaginez les risques sanitaires que provoquerait une pénurie de pétrole qui empêcherait les camions de collecte des déchets de circuler ? Et plus largement, comment garantir notre autonomie alimentaire si nous dépendons toujours des engrais importés issus de l’industrie pétro-chimique ? Une terre cultivée a besoin d’être nourrie, sans quoi elle s’appauvrit et n’est plus fertile. Pour cela, il faut recréer le cycle de la matière organique, à l’image de ce qui se faisait jusqu’au début du XXe siècle. Les biodéchets produits en ville (dont le crottin de cheval) étaient alors collectés pour nourrir les sols des terres maraîchères aux abords des centres urbains. Le compost produit localement, y compris le compost de toilettes sèches (riches en azote, phosphore et potassium indispensables à la croissance des plantes et à la base des engrais chimiques) est un chaînon indispensable d’un circuit d’autonomie alimentaire. Et cela sera d’autant plus incontournable que la production d’effluents d’élevage est vouée à diminuer grâce à la nécessaire diminution de notre consommation de produits d’origine animale.
S’il est vrai que la pratique du compostage a eu bonne presse ces dernières années, il n’en demeure pas moins que sa pratique est loin d’être généralisée. En cela, les élections municipales sont lourdes d’enjeux car ce sont les conseillers municipaux, qui composent aussi les assemblées de la Métropole de Montpellier et qui fixent la politique de gestion des déchets. Il est temps d’en finir avec la politique des petits pas, qui consiste à installer une petite dizaine de sites de compostage partagés par an! Selon nous, il faut appliquer une politique mettant véritablement l’accent sur la prévention et, en complément, offrant une solution de valorisation pour toutes les sources de biodéchets et adaptée aux contraintes de chaque gisement. Cela est d’ailleurs rendu obligatoire par la LTECV qui impose la généralisation de la valorisation des biodéchets avant le 31 décembre 2023.
Notre objectif est simple : plus un seul biodéchet ne doit partir à l’incinérateur, ni à l’enfouissement. C’est un mode de gestion polluant et un énorme gâchis lorsqu’on connaît la valeur de cette matière ! La crise sanitaire que nous traversons nous convainc plus que jamais du bien fondé des actions que nous menons et nous espérons continuer à apporter notre pierre à l’édifice en travaillant en collaboration avec les collectivités locales pour mener à bien ce chantier.